Pipi Tranquille

Vous savez à quel point j’aime les enfants filles qui disent non. Surtout quand il s’agit de leur petit espace personnel. Alors donc voilà, l’autre jour, je suis  retournée voir ce qui se passait au royaume de la Petite Enfance. Parce qu’un album pour grand, ou un roman, ça raconte plein de choses sur l’égalité, la liberté, l’auto-défense physique et mentale, tout ça… mais quand les tou-tes petit-es moucheron-nes n’en sont qu’à leur balbutiement, comment fait-on ?

Je suis tombé sur un tout petit album, absolument pas politique, absolument pas militant. En plus, il fait parti d’une série dont je n’ai absolument pas consulté les autres titres. Voilà, vous êtes prévenu-es, je suis une terrible feignasse et je vais encore parler d’un truc sorti par un gros éditeur avec des gros sabots et des gros moyens au lieu de parler de toutes ces œuvres fantastiques qui cherchent vraiment à redessiner le monde des petites filles. Je ne suis même pas sûre que le but premier de cet album soit celui que je lui prête.

Mais j’ai trouvé ça TELLEMENT MALIN.

Voilà.

Hop, Pipi Tranquille.

Pipi Tranquille, c’est l’histoire de Capucine à qui on propose des couleurs. Mais page après page, Capucine dit non.

Tu aime ce vert Capucine ?

Non !

Tu préfères le bleu ?

Non !

Ainsi de suite, chaque double page s’habillant de la couleur proposée.  Jusqu’à ce que Capucine exprime enfin son souhait :

Du rouge?

Non ! je veux du noir !

Mais s’il fait noir, personne ne te verra…

-Justement !

Je veux faire pipi tranquille !

A cette dernière déclaration, sur double page entièrement noire Capucine disparait, et ne reste que la lune.

Je pense que Capucine a sa place dans une bibliothèque de libération petite fillesque (enfin, dans cet album, les autres sont peut être terriblement rétrogrades…). L’album parle aux tou-tes petit-es: les couleurs, le fameux « non », la répétition sous forme de comptine, la « propreté »… on est en plein dans le quotidien des marmouflet-tes. Et du coup, le droit à l’intimité de Capucine devient une simple question de logique !

L’album permet donc de s’appuyer sur divers éléments d’apprentissage mêlés à des notions plus abstraites. En plus, la chtite Souris toute de noir vêtue s’exprime  avec fermeté: elle veut être tranquille. Comme quoi un « non » peut être totalement justifié, même face à un adulte, même quand on est une petite fille,  y compris dans une situation toute simple (mais pas nécessairement anodine).

Capucine la Souris: Pipi Tranquille,  Edouard Manceau. Milan, 2003.

2 commentaires

  1. J’ai une fille de trois and, on lui a appris a dire non quant elle n’est pas d’accord, surtout en matière d’intimité et de ce qui est d’être tranquille aux WC/pot j’aurais horreur que quelqu’un soit dans la même piece quand je fait mes besoins, donc par simple respect de pudeur je la laisse tranquille avec un livre et elle appelle quant elle a fini.

    J’ai énormément de mal avec les livres pour tout petits parce que dans la majeure partie des cas, le bon-sens parental devrait leur faire enregistrer ces bases. Je me demande même parfois si ces livres s’adressent pas aux parents…

    1. Je suis d’accord, y compris concernant les livres. La prise de conscience doit se faire des deux côtés pour certains sujets, et c’est bien plus difficile pour un-e petit-e si les personnes qui l’accompagnent ont (ou n’ont pas…) certains réflexes. L’intérêt de ce genre de livres, c’est qu’ils peuvent se trouver sur son chemin par hasard et lui signaler certaines choses. Ils peuvent aussi induire des comportements d’imitation qui changent du schéma des accompagnant-es qui sont eux même tributaires de ce qu’on leur a transmis ou non. Mais c’est vrai que lorsque l’on voit que des notions comme la pudeur, le droit de dire non, le choix, le respect de soi sont des choses qu’on retrouve expliquée dans les livres, ça donne matière à réfléchir.

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