Il n’y a pas très longtemps (heu oui, la relativité tout ça), je suis allée faire un petit tour au festival BD de Lyon. Dans ces cas là, une bonne partie de mon programme consiste à moteur de recherchiser tous les noms des auteur-ices jeunesses en (des)espérant en trouver un-e que mon immense culture littéraire me permet de connaitre. Comme d’habitude, j’ai fait chou blanc (ou n’ai reconnu personne, ce qui revient au même).
J’y suis bien sûr allée quand même avec ma collaboratrice N. au nom de l’enrichissement intellectuel (et pour arracher une dédicace au Délicieux Lewis Trondheim…). L’expo sur le genre nous ayant curieusement échappée, nous nous sommes promenées au gré des conférences pour aboutir dans le salon de dédicace proprement dit, où nous avons fait une petite découverte.
Rouge est donc une petite princesse qui prend la route pour se rendre au Carnaval Aquatique. Dans son sillage, nous découvrons que l’Ogre n’est pas toujours qui l’on croit, que l’on peut se débarrasser du loup, tirer des garçons d’un mauvais pas, ou encore participer à son propre enlèvement pour organiser un concert.
Au gré de la route et des rencontres, Rouge va ainsi déjouer tout un tas de petits clichés de comte de fée. Toujours en mouvement, jamais à court de solutions, la princesse n’est pas coutumière du séquestre en chambre royale et le fait savoir sans en faire tout un plat. Et si un petit garçon grognon bougonne qu’elle est bel et « bien une fille », la petite ne relève pas. Car qu’y a-t-il à relever ? Hmmhmm, voilà qui est plutôt malin, non ?

La princesse est donc curieuse, ouverte et enthousiaste, et ne dépend pas des garçons pour sa survie. Ce qui ne l’empêche pas de prendre le temps d’observer les fleurs et de s’intéresser aux diverses personnes et créatures qui croisent son chemin. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à se montrer active. Ne parvenant pas à dénicher sa fille, la Reine, cheveux rouges également, décide par exemple de partir elle même à sa recherche. Sans grande inquiétude d’ailleurs, question de confiance. Une enfant qui part à l’aventure n’est pas toujours cause de grand méchant loup…

Plusieurs petites aventures toutes fraîches défilent ainsi au fil de la course de Rouge. Elles sont d’autant plus sympathiques qu’elles ne sont point trop épiques et plutôt poétiques (tic tic). Je m’imagine du coup toutes ses marmiflettes rejouer ce petit bazar énergique plutôt que d’attendre qu’un hypothétique diadoque vienne leur faire un bisou.
Les illustrations quant à elles sont saturées de couleurs, de détails bref, du même enthousiasme que la princesse punkette.
En conclusion, cette jolie Bd croisée au détour d’un salon n’a pas besoin de morale explicite pour être pleine de bon sens. Il me semble que ce genre de références, qui sans être trop complexes sont pleines de profondeur et de naturel, sont les parfaites alliées des livres plus militants. De quoi construire à coup de pinceau de beaux paysages de liberté aux petites filles.
Johan Troïanowski est d’ailleurs soit dit en passant absolument sympa, et a semble-t-il déjà proposé des animations (actives, cela va sans dire) dans des écoles. Cool, non? Espérons en tout cas qu’il redonne la parole à sa petite Rouge très bientôt (et son petit doigts nous dit que oui) !
Rouge, petite princesse punk, Johan Troïanowski. Makaka Editions, 2016.
Et je ne résiste pas à l’envie de partager l’illustration salonesque que voici :
Une histoire qui a l’air fort sympathique, j’ai bien envie de m’y essayer pour voir ce que cela donne.
Quant à l’illustration salonesque, elle est très jolie, c’est chouette de l’avoir partagé ^_^
C’était vraiment beau de la voir progressivement apparaitre à petites touches de pinceaux ! Merci d’être passée par ici 🙂
Je crois que je me souviendrai longtemps de ce moment où j’ai compris qu’il faisait des poissons ! Ca m’avait subjugué 🙂
Oui, d’un coup c’est l’illumination ! 🙂