De l’art de la répartie en pyjama

Je n’ai rien contre les Pyjamasques.  Enfin pour être parfaitement honnête je ne les connais pas vraiment. Restant cependant fidèle à mon âme de mégère je suis bien évidemment emplie d’a priori parce que c’est très connu et « un peu moche hein », comme dirait l’autre. J’ai croisé un ou deux épisodes de la série tv récemment, et ça ne m’a pas paru particulièrement toxique (cace-dédie à mon pote l’ourson marron, là bas…). Cela dit ce n’est semble-t-il pas d’une finesse extraordinaire non plus.  Par exemple, si tou-tes les mignon-nes téléphages sont capables de différencier Yoyo de Gluglu (ce que  je suis personnellement incapable de faire, mais c’est sûrement parce que je ne suis pas l’ainée de ma sororité), leurs capacités cognitives doivent être suffisamment développées pour leur permettre d’identifier Bibou, ne serait-ce que par sa douce voix de Fille. Mais non, il FALLAIT qu’elle soit en rose.  Le rose c’est bien connu, c’est tendance chez les hiboux.

Bref, un gentil hasard m’a fait croiser la route d’un album de chair et de papier, j’ai nommé: Les Pyjamasques au zoo.

pyjcouv

Forcément, c’est le genre d’histoire qui me plait, vu qu’on y voit nos deux héros et leur copine Fille punir un vilain gardien (vert…) et libérer tous les animaux séquestrés là depuis bien trop longtemps. On serre les dents dès la première page parce que forcément le dit vilain gardien est gros et moche (et vert) alors que les gluglus sont légers et mignons (TOUS les enfants sont gentils, légers et mignons). C’est pour la bonne cause, on continue donc, sans indulgence certes, mais avec une froide et mesurée distance critique.

Quand soudain…

fillette

Non chèr-es lecteur-ices, vous ne rêvez pas ! Là sous vos yeux ébahis, toute vêtue d’encre et de lettres, la merveilleuse,  la fabuleuse

INSULTE VIRILO-CENTREE SEXISTE !

blob

Non parce qu’elle est magnifique celle là, elle ratisse large. Quoi de mieux qu’agonir un vilain gros gardien (vert) en dévaluant son hypothétique virilité  à l’aide d’une caractéristique féminisée ? Et notons la subtilité de la narration, où l’on peut lire que le gredin « pleurniche » et « braille » ensuite. Des activités de gonzesse, quoi. Allez c’est bon Gatzo, fais pas ta fillette ! Moi je le prends bien quand on me crève un œil (car cet album est violent, et je déteste ça dans ce type de littérature  pour peti-tes soit dit en passant).

Enfin bref, non mais vraiment, qu’est ce qu’on peut dire quand on se retrouve face à ça, en plus dans un livre pour enfants ? On ne pourra en tout cas pas leur reprocher de trouver ça normal de considérer le féminin comme camouflet potentiel…

Personnellement, j’en reste coite.

Les Pyjamasques au Zoo, Romuald; Gallimard,2007-2016.

Un commentaire

  1. Tu m’as tué avec le lien vers le huffington XD et re-tué avec la capture de The Blob, troooop parfaite XD
    C’est trop classe comme article. Je suis hyper d’accord, et encore une fois, purée, ce que ça soulage à lire. ENCORE ENCORE !!

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