L’autre jour, j’ai revu madame Budum qui venait de subir l’ire d’une coiffeuse parce qu’elle avait vêtue sa bébée numéro 2 rien qu’ avec du bleu. Comme elle était toute retournée et que c’est rien qu’une gonzesse, madame Budum a décidé d’aller acheter à sa sinistre moucheronne numéro 1 une paire de godasses et ce accompagnée, pour l’anecdote, de son Papa (c’est qu’elle est en pleine dépression post-partum, madame Budum, et qu’elle a toujours besoin de quelqu’un sous la main pour pleurer).

Ainsi donc la voici lancée dans le royaume des péniches pour marmot-tes. Rien de bien compliqué, pour sa blonde il lui faut une bonne paire de chaussures hors de prix et susceptible de survivre aux claquements effrénés du bitumes, aux morsures de la boue, à la frénésie des rochers bref, de quoi courir, sauter, et escalader pendant des heures. Des chaussures de petite fille quoi.
Je vous ramène des modèles ?
Demande gentiment la jeune vendeuse. Avec plaisir, répond madame Budum.
Et c’est ainsi que défilèrent paillettes, sequins et autres toiles de lurex (je n’ai rien contre le lurex), le tout agrémenté de systèmes de fermetures d’une complexité hors pair (haha) rendant chimérique toute velléité d’indépendance de la moindre galopine. Papa Budum, d’un geste expert, referme alors méthodiquement chaque boîte tandis que madame Budum se met à tortiller les petits doigts boudinés de numéro deux en regardant ailleurs ( c’est que dans la vraie vie madame Budum est une époustouflante couarde et a pris pour habitude de trouver tout fantastique avant de souffler un petit « non » au bout d’une heure et demie. Quand elle a de la chance.).
Vous aviez peut-être un modèle en tête ?
Demande madame vendeuse, un poil échaudée.
Papa Budum, flegmatique (et probablement habitué à la marotte coupable de madame sa fille, à savoir fixer la vendeuse d’un air embarrassé), entraine donc la conseillère en arpions vers les écrases-merde de marque A et de marque B précédemment avisées.
Conseillère : Mais… c’est pour les garçons…(comprenez : gris, solide, avec des talons plats)
Papa Budum : ha.
Madame Budum : ho, regarde ma Dinde, les beaux tracteurs.
Conseillère: vous êtes sûr ? parce que… c’est pour les GARÇONS.
Papa Budum: hm.
Madame Budum : mais oui ma Mie , tu peux aussi jouer avec la barbie.
Conseillère: mais parce que vraiment… c’est un modèle pour garçons…
Papa Budum : hmhm. Et ça empêche de marcher ?
Madame Budum : aller viens, on va regarder la lampe.
Ainsi partit la jeune vendeuse au fond de la remise. Pas vexée, un poil décontenancée mais surtout… choquée.
Retour à l’espace essayage. Madame Budum tente de neutraliser la blondinette pendant que Papa Budum regarde avec un sourire poli les nouvelles boites s’aligner devant elles.
La conseillère, sans ciller, les ouvre les unes après les autres. Et ainsi défilèrent souliers vernis, baskets en plastique jaune poussin (mais certes sans lurex) et enfin, après une concaténation de jolies boîtes pastelles… les petites pompes indestructibles de la marque B.
Sans paillettes.
Et avec des scratchs.
La fillette se met à galoper.
Ca va, elles ne sont pas trop larges ?
Demande courtoisement Papa Budum, dans l’hypothétique hypothèse où le problème serait d’ordre morphologique.
Mais non, absolument pas !
Rétorque la conseillère, qu’une compétence non feinte reprend soudain d’assaut.
Papa et madame Budum sont satisfaites : la mouflette a trouvé chaussures à son pied. Une chance, car jamais la marque A elles ne pourront tester. Et bien que ravi-es ilelles ont payé comptant, la conseillère conserve la mine sombre de celles qui plaignent les enfances bafouées. Pas assez chamarrées pour une fille, sans aucun doute.
Par la suite, madame Budum me confia que ce n’était pas la première fois que les extrémités véloces de sa petites filles se heurtaient à de telles résistances. Point d’aussi virulentes, mais une vendeuse de chez V. par exemple, tout en arborant l’ air de celle que ça ne concerne en rien, avait bien apporté le modèle demandé mais…celui avec du rouge. Parce que c’est plus chic, bien entendu.
Pour finir, je ne peux m’empêcher de citer une dernière fois Papa Budum :
Non mais vraiment, est-ce que c’est bien sain à cet âge d’accentuer à ce point les stéréotypes de genres ?
Et oui. Une fille, ça court. Et puis c’est tout.
Ps: pour celles et ceux qui veulent créer un fanclub pour Papa Budum, je suis ouverte à toute les propositions. J’imagine très bien le beau sourire de celles et ceux qui le connaisse déjà.
Pps: hein, que le titre de ma minute a failli vous faire pleurer ?
Dans les magasins de jouets, même combat :
Moi : « bonjour, je cherche un puzzle pour une enfant de 3 ans »
La vendeuse : « aloooors, voyons voir, y’en a un avec les princesses Disney, un avec des ballerines, et… ah y’en a un avec des pirates, mais bon, pour une petite fille, c’est pas terrible… »
Moi : *énervement* *chagrin* *peur* *découragement* mais pas forcément dans cet ordre là
Moi : « je vais prendre les pirates, merci »
La vendeuse : « … »
c’est vraiment une situation ordinaire, même dans une librairie tu as le droit à la fabuleuse question « c’est pour une fille ou un garçon? » . Ptetre que ça change la typographie, sait-on jamais…
Ultime. PETIT PIEEEEEED !!!! XD
C’est malheureusement le même combat partout… les jouets, les vêtements, les chaussures, les gâteaux d’anniversaire, les affaires scolaires, les livres, les dessins animés, etc. Un cauchemar pour la lutte pour l’égalité des sexes.
Bon courage pour la suite.
P.S. : ça fait des années que Papa Budum a déjà un fan club ^_^
Je vire couleur #FF0000 mais je dois préciser que Papa Budum est en fait le papa de madame Budum, et il a la classe.
En même temps, ta réaction fut certes moins britannique mais guère différente !
Ah, d’accord…
Il est drôlement cool Papa Budum, dis donc ^_^
Au pire, ils n’ont qu’à faire des chaussures à paillettes solides, filles et garçons seraient probablement ravi-es…En plus ce genre de réaction ça me provoque presque de la culpabilité quand j’achète un truc qui brille pour une fille, ou qu’on choisi une version fille d’un truc parce que c’est plus cool… faudrait vraiment couper court à tous ces raisonnements binaires