Quand j’étais petite, mon Monsieur préféré, c’était monsieur Sale.

Je sais pas, quand je regarde Monsieur Sale, je vois ce mot écrit en gros et souligné de deux traits rouges frénétiques sur mes dessins de S.V.T, mes problèmes de maths, mes compositions d’expression écrite, tout ça…. Et puis il est tout beau avec ses bouclettes. J’aimais bien Monsieur Malchance aussi. Et puis je trouvais Madame Chipie mignonne et Monsieur Chatouille rigolo.

Il ne m’échappait pas bien sûr, ce petit côté cruel de certaines de ces histoirounettes. Comme par exemple cette idée de chapeau cagoule magique qui recouvre le visage de Monsieur Bavard quand il parle. Et pas spécialement quand il parle trop hein, non non, quand il parle, tout court.

Enfin, tout ça pour dire que j’aime bien les vieux Monsieur Madame, ça fait des blagounettes rondounettes et en plus on a grandi avec. Et que donc c’est bien normal que comme dans toute bonne saga littéraire qui se respecte, les blagounettes grandissent également.

Mes enfants, je m’en vais vous compter une histoire terrifiante…..

HA. ha.

 

Ha.

C’est bon, j’ai pas besoin d’en rajouter je pense. Pas vrai que vous êtes terrifié-es ? Mais bon allez hop tout de même.

C’est l’histoire de Madame Dodue qui veut s’acheter une robe dans la boutique de Madame Sage pour aller danser. Quand soudain :

Faites un petit effort !

s’écrie madame Sage, pleine de bénévolence.

Si vous ne rentrez pas votre ventre, je n’arriverai jamais à fermer votre robe !

Ben oui alors. Mais crotte, c’est impossible, Madame Dodue est bien trop grosse ! Fort heureusement, Madame Sage est l’heureuse détentrice de l’unique solution ! Il faut aller voir le médecin bien sûr, car lui seul est en mesure de prescrire LE remède !!

UN REGIME !!!

Pleine de bonne volonté pour aller danser, madame Dodue se rend donc chez le vieux médecin humain de tou-te-s les Monsieurs Madames. Notons ici la bienveillance du personnel soignant :

Après avoir coupé la parole à sa patiente et fondé son diagnostique sur ses préjugés (car que vaut la parole d’une grosse mes amies, je vous le demande), monsieur docteur lui enjoint de passer l’épreuve de la balance.

Voilà ce qui arriva dès que Madame Dodue monta sur la balance.

Phrase qui apparemment méritait une page entière, vu le résultat ébouriffant qu’on nous propose en belle page (et en couverture, des fois que vous n’ayez pas compris le caractère capital de l’affaire).

Ni une ni deux, avec un ton qui pue le respect, l’esculape pelé lui concocte un programme de choc.

Tout d’abord, deux heures de gymnastique quotidienne avec Madame Acrobate [qui n’est pas grosse, ELLE]. Montée de l’échelle qui conduit à la piscine, plongeon, traversée du bassin, et on recommence 5 fois, vu ?

« Vu. »

… répond la triste intéressée « dans un souffle ». Avant de s’exécuter. Elle applique ensuite à la lettre l’ordonnance nutritionnelle : un spaghetti par repas avec Monsieur Maigre. Oui oui, Monsieur MAIGRE.

Et pas un de plus !

Ha mais la brimade du Monsieur Bavard de notre enfance moi je vous le dit les mouflettes, c’était même pas du canard en boîte à côté ! Mais peut-être n’est-ce là qu’une tentative de sensibilisation à l’extrême malveillance dont peuvent faire preuve certain-es personnes et/ou soignant-es… ? Ha mais non, c’est vrai, elle n’avait qu’à pas en arriver là, cette fichue Dodue.

Mais je m’égare, alors qu’on n’en est encore qu’à la moitié de l’histoire, au moins deux fois moins cruelle que ce qui va suivre.

Figurez-vous qu’après n’avoir pour ainsi dire rien mangé, Madame Dodue se livre à un footing « digestif » (et en talons).

Et c’est à ce moment que son chemin croise celui de Madame Chipie et Monsieur Farceur. Toujours « à l’affût », s’pas. Pour les mauvais tours, tout ça… Et donc. Forcément, comme dans le monde de Monsieur Madame ça cancane, Monsieur Farceur confie à sa compagne que Madame Dodue fait un régime. C’est alors que Madame Chipie, cette vilaine fourbasse, a une idée.

Non mais, une idée pour l’aider à perdre du poids bien sûr. Oui oui. Et ne croyez pas qu’il s’agit là d’une pure invention maligne de la part de la couetteuse. Non non. Dès le départ, rassurez-vous, on précise que tout ce qui va suivre est le juste châtiment de Madame Dodue qui, calamiteuse personne, a honteusement « craqué » devant un buisson de myrtilles le jour des faits sous-annoncés. Ha, les fruits, ces misérables sources  de déséquilibre alimentaire….

 

« Et voilà ce que cela donna »

Madame Dodue, logiquement terrifiée, fuit à toutes jambes en ville, loin de cette chose hurlante et grimaçante. Madame Chipie et Monsieur Farceur seront-ilelles justement rappelé-es à l’ordre pour leur cruauté ? Madame Dodue sera-t-elle enfin consolée et rassurée ?

Non mais tu plaisantes ? Dans sa course éperdue loin de l’ogre terrifiant, Madame Dodue se réfugie dans la boutique de Madame Sage, et lui confie, encore tout essoufflée, sa terrible mésaventure (agression). Mirez donc la réponse pleine d’empathie de l’intéressée :

Ben oui, tu aurais fait de même non ? puisque les grosses, c’est ridicule !

Ho, mais miracle ! Madame Sage fait une incroyable découverte ! Empêcher une femme de parler, lui préconiser de ne plus se nourrir correctement et de faire du sport à outrance sans considération pour sa condition physique, la stalker puis l’agresser, mais mais mais oui, ça fonctionne ! Car madame Dodue, « cette fois », a vraiment maigri !!

Ha non mais excusez-moi hein, à ce stade, je pleure de joie. Ainsi donc la brave Madame Dodue sera « certainement » (ben oui quand même faut pas déconner, elle est toujours un peu grosse) la plus belle pour aller danser. Peu importe d’ailleurs si son sourire est en U inversé pendant toute sa cure, et si la seule illustration où on la voit vraiment sourire, c’est celle où elle bouffe des myrtilles, c’était pas cher payé.

Mais c’est que cette affaire se termine terriblement bien pardi ! Même si bon, les « mauvaises langues » affirment que cette coquine de Madame Dodue n’a pas su résister aux petits fours !! Et que « un deux trois », les boutons de sa robe alors qu'(enfin) elle s’amusait ont « sautés tour à tour » !! Mais « les mauvaises langues racontent n’importe quoi » !!! « c’est bien connu » !!!!

!!!!!!! HA !!!!! ha ha ha !!!! C’est croquignon non ????

Bon.

Alors deux choses.

L’une, c’est que personnellement à ce stade, je ne vois plus bien la différence entre ça :

Et ça :

Et l’autre, ben juste, si Madame Sage est si sage que ça…

Elle ne pouvait pas simplement lui proposer la taille au-dessus ?

 

Madame Dodue, La plus Belle pour aller danser. Hachette