Bloodborne

Mais quel beau titre.

Non mais, qu’est-ce qu’on fout en ce moment chez Budum ?

Je vous le donne dans le mille.

On joue à Bloodborne.

bloodborne

Évidemment je ne joue pas à Bloodborne depuis Janvier 2018 (date de notre dernier article de la catégorie gneugneugneu, tout ça). En fait, je suis tombée dedans en Février 2017, ô piège odieux de mes sponsors familiaux. Et depuis, je plonge que dis-je, je me noie dedans par profondes intermittences.

Je ne vous dis pas ça pour me donner bonne conscience, mon excuse bidon pour ne rien faire étant bien entendu la canicule (oui celle qui dure depuis Janvier 2018) . Et si je suis spécialiste de l’opportunisme blogulaire (ho tiens, ça n’a rien à voir avec les livres, y a pas d’enfant dedans et c’est même pas une autrice, si j’élargissais le corpus octopussien de Budum ?? ), pour une fois j’ai la profonde conviction… que j’ai envie d’en parler ici (vive les poulpes).

Mais quel beau jeu.

Ça va être extrêmement dur, mais je vais tenter de ne parler ni du gameplay, ni de l’histoire. Je ne me tiens pas personnellement comme responsable en revanche du nombre de parenthèses. Les spoils seront donc très limités et surtout visuels. Et puis je vais caser pleins de liens opportunistes. Et puis crotte, vous savez bien que je suis une grosse bavarde.

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Pour la petite histoire et pour m’excuser par avance de ma subjectivité (c’est bien pratique), je précise qu’ayant débuté sur Atari, je me suis mise à jouer en réelle autonomie sur Playstation, que je continue sur chacune de  ses descendantes et sur pc aussi depuis quelques temps… du coup mon « bagage » de représentations vidéoludiques mainstream s’est construit principalement sur ces boîtes à rêves-ci et à partir des années 90. Et si je déteste les call of (nan, je mets pas de majuscules), j’ai une faiblesse pour les gros jeux genre demi-dieux grecs, qui me plongent dans un état frissonnant d’hilarité constante et de vénération consternée (comme les matchs de catch). Dans mon cœur, côté blockbuster, il y a donc ces jeux là et puis, il y a les autres…

Et donc, ici, on va surtout parler de cet autre là, et de représentations.

Dans Bloodborne, vous pouvez incarner un personnage masculin ou féminin  que vous personnalisez avant la chasse. Dans ma petite tête de gameuse désabusée, le choix du sexe dans un jeu se résumait à ça :

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Il y a un nombre incalculable de problèmes de traitement des personnages féminins dans l’univers du jeu vidéo, et encore plus dans ceux centrés sur le combat. En vrac : les textes, les corps, les arbres de compétences,  l’adulation de la jeunesse, les stéréotypes jusque dans la programmation des mouvements… rares sont les titres qui n’acculent pas la-e joueur-se désespéré-e au bord d’un gouffre de compromis. Mais ici les choses sont un peu différentes. Voici la chasseuse avec laquelle j’erre dans les rues de Yharnam depuis plus d’un an :

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Elle claque ou pas ?

Lors de notre création, il nous est précisé d’emblée que le choix du genre ne modifiera pas nos capacités de combat. En résumé, si vous choisissez une femme, vous ne serez ni une douce Healeuse, ni une tendre Magicienne, et vous ne porterez  pas non plus de rouge à lèvres Velvet pour faire coucou à Voldo. Dans le même esprit, les mouvements du personnage sont identiques quel que soit le sexe choisi, et si en fonction de leur matière les vêtements laissent apparaitre une différence, ils sont structurellement les mêmes pour tout le monde.

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Figurez-vous également que ma chasseuse dispose ici de l’augmentation mammaire la plus élevée possible. Ben oui, même pas de quoi faire un bowling, se sont des seins, pas des comètes. J’ai également choisi une carrure « charpentée », mais même en choisissant la taille la plus fine, point de guêpe à l’horizon. J’imagine qu’il est possible de s’approcher de la bombasse en modifiant chaque critère un par un mais j’en doute, et ce n’est de toute façon pas à cela qu’invite l’ambiance du jeu.

Et ce n’est pas tout ce que cache la création initiale… car il est possible d’incarner (ha, en voilà un mot qui colle bien à Bloodborne. Chut.) une personne plus âgée. Au sens plus vieille. Non mais, pour de vrai. Parce qu’en général, les vieux dans les jeux, c’est plutôt ça :

Piouloulou, fait pas bon vieillir.
Piouloulou, fait pas bon vieillir.

Ma chasseuse érodée par les ans ressemble plutôt à ça :

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Alors bon, je ne suis pas très fane de l’hyperréalisme mais là, vraiment, on sent qu’il y a de l’attention. La peau, les rides, l’usure des muscles, les tâches… peut-être n’ai-je pas assez personnalisé de gens dans ma vie (Vidéoludique), mais franchement ça me transporte. Incarner une femme âgée, opter pour la rugosité des années, et de la voix… d’habitude, dans le monde des Next Gen, le réalisme ça se limite à un gros étendard bouffi qui clame « NAN mais REGARDEZ, elle a DES DEFAUTS, elle a des TACHES DE ROUSSEURS et des COUDES CAGNEUX !! ». Mais là, ce ne sont pas des défauts, c’est de la sculpture à la gloire du temps qui passe (SI).

visage (2)

Ce qui est frappant d’ailleurs, c’est qu’il n’y a pas le même soin accordé aux autres tranches d’âge, même si on peut saluer le fait qu’ « âge mur » ne signifie pas peau lisse plus une mèche poivre-et-sel. Ici, vous avez à gauche la version la plus jeune et la plus mince des personnages prédéfinis (les jambes !!); à droite, l’ « âge mur » (les deux avec les plus gros seins possibles, toujours pas d’obus).

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Non mais regardez moi ce dos:

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Oui, je n’ai plus d’échos. Oui, je n’ai plus qu’un point de lucidité. MAIS LE COUDE !!

Et Bloodborne conserve également cet esprit avec ses autres personnages. Au fil de notre douloureux cheminement, nous rencontrons en effet beaucoup d’antagonistes féminins, parmi les chasseur-ses renégat-es, la population, ou les « boss » (vilain mot ici tant chaque combat recèle son lot de non-dits. gni). Et donc. Dans ma p’tite tête d’amatrice de bon gros jeux avec de bons gros gars qui retournent Aphrodite à coup de QTE ou enfoncent la sainte croix dans l’œil torve de pauvres damné-es, les boss meufs c’était plutôt ça:

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Le bon goût à l’état pur. En même temps, acheter un jeu où un type tout rectangulaire et à moitié à poil défouraille des squelettes qui chouinent à coup de crucifix en hurlant « Béatrrriiiiice » , c’est tendre le bâton pour se faire battre.

Rien à voir avec les personnes que nous sommes forcées de combattre, comme la douce Vicaire Amélia….

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Ou l’étrange Ebrietas:

En vrai j'ai mordu la poussière. Enfin l'eau. Ou la vase. Et tout ce qu'il y avait en dessous.
En vrai j’ai mordu la poussière. Enfin l’eau. Ou la vase. Et tout ce qu’il y avait en dessous.

Bien sûr il y a de la transformation, des corps abîmés, mais pas ou peu de suppliciées. Les ennemies rencontrées dans les jeux 18 + sont presque toujours des femmes châtiées de leur vivant et/ou dont le corps est représenté torturé, grotesque, hypersexualisé. Les femmes que nous avons rencontrées ma chasseuse et moi ont été infectées ou ont sombré dans la folie au même titre que leurs homologues masculins, voire appartiennent à une congrégation de sorcières parfaitement maitresses d’elles-mêmes (ce qui ne semble pas être le cas de ces messieurs). Les ennemis masculins sont cependant traités  de la même manière, jamais bodybuildés, certes parfois démesurés mais toujours en accord avec leur fonctions passées. Et là encore, tous les âges sont représentés. Vieux et vieilles, loin d’être ridicules, surgissent des coins sombres et tentent de nous emporter comme les plus jeunes…

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Évidemment loin d’être parfait, Bloodborne est limité par le folklore qu’il invoque et les symboles qu’il utilise. Mais vous n’y trouverez pas à mon sens de nichons opportuns ou autre forme d’érotisme forcené. Sur votre route, vous ne croiserez que chasseuses et habitantes d’un monde solide, incarné, classe (yipi) et cohérent. Pas du tout un univers de gros grecs.

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Pour terminer, et même si j’ai le sentiment que les jeux actuels prennent tous cette direction, j’ai vraiment été surprise de voir que presque toutes les interactions sont adaptées au choix d’incarner une femme. Vous serez nommé-e chasseuse ou étrangère aussi bien par les personnages principaux que secondaires, et même la conversation avec la prostituée Arianna confirme qu’il a été choisi d’adapter le texte au genre, et non de le neutraliser. Par contre, si l’on peu comprendre qu’il aurait peut-être été trop complexe de modifier les phrases susurrées par les habitants de Yharnam lorsqu’on les combat, il est un peu décevant d’entendre au masculin la toute première et si douce phrase de la Poupée. Le genre de base reste donc celui du chasseur, et la véritable égalité à atteindre…

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Il y a encore tant de choses que j’aimerais évoquer  !  J’ai passé de nombreuses lignes à vous parler de Bloodborne sans même l’effleurer du bout des doigts, tout comme ma chasseuse élève perpétuellement son épée sans avoir jamais l’impression qu’elle ne fait que combattre lanternes après lanternes. Le rêve se tisse  à travers les objets, les rares dialogues, quelques notes, la musique et notre envie de lire ou non. Je ne l’ai pas encore fini. J’espère que rien ne viendra entacher mon cauchemar et je suis terrifiée à l’idée que The Old Hunters puisse faire entrer la bombasse aux globes terrestres ou l’antagoniste lascive qui viendra détruire l’œuvre originale.

Allez, je vous laisse tranquille, ce fut fort long, mais j’aime un poil trop ce jeu et ma grande sœur elle m’a dit que c’était important de parler des bonnes choses en détails.

Bisou tout le monde, faites de beaux rêves

Un immense merci à Nine pour son aide ! et puis à Papa Budum, C. et Ch. de m’avoir replongée dans cet autre monde que je chéri, hop.

Bloodborne, From Software – Playstation 4 ; 2015. (Pegi 18, si toutefois vous aimez les pegi)

 

3 commentaires

  1. Waouh ! Il a l’air superbe ! Et tu as réussi à éveiller ma curiosité. Merci pour cette découverte, Budum ^_^
    Il faudra que je cherche des infos dessus notamment sur l’histoire, le gameplay et surtout si y a moyen de jouer sur PC.

  2. Cette phrase en particulier m’a tué : « qui me plongent dans un état frissonnant d’hilarité constante et de vénération consternée (comme les matchs de catch).  » XD

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