Minute n°20: Coeur de Glace

Il faut absolument que je reste maigre.

 

« Il faut que je reste légère. Je ne veux surtout pas être un grand rond. »

 

Alors. Que se passe-t-il en vous, dites moi, quand vous entendez cela sortir par hasard de la bouche d’une enfant. Évidemment, dans son esprit il ne s’agissait pas de faire un régime (chose abjecte dont elle ignore heureusement l’existence), et il faudrait remplacer « maigre » par « un trait », par opposition au sus-mentionné rond. Mais, quand même.

Spontanément bien sûr, vous vous accrochez à votre bouée littéraire (et vous câlinez l’autre,  la larme à l’œil tant vous avez peur qu’elle ait entendu). Le Problème, c’est que tout ce que vous avez sous la main, ce sont des livres qui partent du principe que la rondeur est en premier lieu moquée, et dans un second temps seulement acceptée.

Ensuite, vous pensez à l’effet du groupe sur l’image du petit moi. Dans Du côté des petites filles, Elena Gianini Belotti décrit par exemple comment, d’une base en quelque sorte neutre, les enfants voyaient leur comportement se fausser lors de leur entrée en collectivité. Le livre (passionnant) est écrit dans les année 70, son contenu évidemment toujours d’actualité. Mais bon, sur cela nous n’avons point ou peu de prise.

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Finalement, vous en revenez à votre axe de réflexions  (Ho ! Je prends mes gros airs), qui se portent majoritairement sur les représentations du féminins à travers les livres et la culture enfantine au sens plus large. Réfléchissons réfléchissons. Comment une si petite jeune fille peut-elle en venir à une telle conclusion, de surcroit de façon aussi pragmatique ? Car pour elle, il ne s’agit pas tant d’être mince, mais d’être légère, une légèreté qu’elle associe étrangement à la puissance. Comment peut-on donc en venir là ? (je veux dire, quand on est petit-e. Pour les grands, il y a d’excellentes et navrantes études sur le poids de la circonférence des chercheurs-euses d’emploi lors de leurs entretiens d’embauche, pour ne citer que ça…)

Et puis ça a fait PAF.

Je ne sais pas si vous aviez remarqué, mais je ne parle presque jamais de dessins animés. J’avais l’impression=que le tour du sujet avait maintes fois été fait. Et bien si je vous ennuie aujourd’hui, c’est pour vous dire que tant pis, moi aussi je vais le faire. Parce qu’Elsa, Anna, Raiponce et les autres, les nouveaux personnages « progressistes » de chez Disney, ont fait croire à une petite fille qu’il fallait une taille de guêpe pour Résister, et que la Liberté c’était une robe fendue et un rouge carmin (ça peut l’être, malheureusement, mais on ne va pas se mentir, pas une seule seconde Elsa enfile ses talons comme outils anti-patriarcat). Alors voilà, attendez-vous à vous cogner des analyses à la Lucette un Muscadet de dessins animés que vous avez du voir et revoir et lire et relire, parce qu’il va falloir plus qu’un geste d’amour sincère pour sauver les petites filles.

Sur ce, je vais regarder les Moomins et je vous laisse avec Ursula, qui nous fait là un très, très bon préambule. Ursula forever.

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