Fleurus t.2: pyjama et au lit !!

Bon aller, encore un petit, et après promis, je change un peu. Et puis je suis à la bourre.
On l’aura compris, chez Fleurus, une fille, c’est une fille, un garçon, c’est un garçon. Mais nos amis fleuri  ont aussi  élaboré un mode d’emploi pour nous faire découvrir les arcanes de la sensibilité féminine et les rouages du caractère masculin. Il ya des points communs (et apparemment ils sont d’accord sur un point: tous-tes les moutard-es sont capricieux-ses), mais les tendances sont bien claires.

Alors si pour vous:

♥ Une fille, c’est capricieux, ça ne veut pas aider, c’est impatient, ça a mauvais caractère, c’est gourmand, jaloux, douillet, impoli, menteur, bavard, coquet, timide, étourdie, et trop curieux,

♠ Et un garçon, c’est bagarreur, mauvais perdant, imprudent, gourmand, inattentif, menteur (diantre, déjà deux points communs! ), paresseux, capricieux, ça manque d’hygiène et ça se tient mal;

Alors les collections Petite Ange Parfait et Princesse Parfaite sont faites pour vous.

Le concept: à gauche, le côté obscure de la force enfantine, un crime innommable commis par Zoé ou Jules, qui cumulent toutes les tares, les pauvres. A droite, la mise au pas des marmottons, devenus modèles de tenue et de politesse que dis-je, désormais de pure  perfection. Avec bien sûr les petits détails dont on a désormais l’habitude et qui nous régalent: quand Jules tape, c’est sur un garçon, quand il est parfait, la victime est remplacée par une fille. Et Zoé est TOUJOURS une princesse parfaite quand elle s’occupe de Gaston, son amoureux.

(Je ne manquerai pas de retoucher ces horribles images quand j’aurai à nouveau quelques logiciels à disposition… vous pouvez cliqueter dessus pour y voir plus clair)
Comme d’habitude, difficile de tout rejeter en bloc. C’est vrai qu’on y retrouve certaines morales gnagnoufiantes qu’il est bon parait-il de faire ingurgiter à son/sa têtard-e. Et puis Camille Dubois à pas forcément usurpé son titre d’illustratrice, c’est  une question de goût. Certaines pages  isolées du troupeau pourrons donc trouver leur place sur le mur de vos toilettes.

« Zoé ne pose jamais de questions indiscrètes »

Trois problèmes cependant pour commencer. Déjà, l’opposition systématique de deux concepts. Quoi de plus stérile, de plus dépourvu de sens que l’utilisation bêtasse de l’effet miroir dans les livres Jeunesse destinés à cette tranche d’âge ? Peut être pas si grave, mais bien dommage, cette absence de nuance. (puisqu’on en parle, je suis tombé sur un imagier Fleurus, assez sympa au premier abord, jusqu’à ce que je tombe sur une page qui opposait fort maladroitement une petite fille blanche à une petite fille noire. J’ ai bien rigolé, au milieu de ma Gss fournisseuse)

Il me tarde de le lire, celui-là…

Ensuite, la légère confusion que l’on peut ressentir dans le rapport texte image. Là où l’on nous décrit une situation finalement assez insignifiante se dessine une véritable apocalypse infantile que l’enfant, merde c’est quand même à elle-lui qu’on s’adresse, doit trouver carrément plus funky que son pendant parfait.

Bien joué Zoé.

Le côté obscur je vous dis.
Enfin, je suis particulièrement perplexe concernant cette étrange mixtion entre des concepts généralement considérés comme des défauts, et d’autres qui se rapportent davantage à un trait de caractère. Si on suit la logique, la timidité est équivalente à la grossièreté, par exemple. hm hm. Faire culpabiliser un enfant timide, en voilà une brillante idée.

La grâce Zoé, la grâce bordel !

Parce que le voilà mon grand, mon gros problème: c’est cette injonction à la perfection, à l’exemplarité en toute circonstance. L’abrogation du droit à l’erreur. C’est cette obligation pour la fillette d’être gracieuse et mesurée et pour le garçonnet d’être fort et toujours juste. C’est la négation de toute fantaisie, de toute expérimentation. (Et c’est parfois pour la fillette l’interdiction de s’introduire dans le monde des adultes).

mouais.

Une injonction qui devient particulièrement absurde lorsque le thème  de la douleur est abordé. Même la peur du sang  est fustigée, et je doute fortement qu’il suffise de tourner une page mentale pour devenir parfaite et regarder la seringue de l’infirmier-e droit dans les yeux…

Souffrir et endurer en silence… nos Aïeules doivent danser dans leur tombe.

 

 

Sur ce sujet, je vous invite à consulter le site sparadrap.org, spécialement conçu pour répondre aux questions de santé. On y aborde la question de la douleur, y compris la plus « simple » (piqûre !), et on encourage  à l’expression de la peur qu’elle peut engendrer.

Allons Zoé
Arrête de pleurer
C’est rien qu’une jambe cassée

Bien sûr, beaucoup de pages de Zoé la douillette sont inoffensives. Mais on confond petit bobo et grand problème, et surtout, le livre interdit à l’enfant de s’exprimer sur le sujet par une construction globale culpabilisante (sois parfait-e, mon amour pour toi est en jeu.)
Exagéré? peut être, mais pas forcément, lorsque l’on voit que tout est centré sur l’action répréhensible de l’enfant, et que les grimaces désapprobatrices et/ou agacées des parents ne sont jamais nuancées.

Avec une construction en miroir, c’est  facile justement, de confondre désapprobation et désamour en cas de « non-perfection »…

Comme quoi chez Fleurus, on veut la paix, et rien d’autre.

« ha, ha, ha !! » s’exclama Jules.

 

A suivre dans la saga Fleurus: Mon Rêve de…

A suivre: un truc sympa, pour changer.

Il y aura sans doute beaucoup plus de trucs sympas désormais, et j’aimerai aussi essayer de vous proposer des alternatives aux non-propositions de façon plus systématique (mais elles seront comme ces dernières tout autant discutables, bien sûr). C’est encore en rodage par ici !

5 commentaires

    1. De toute façon, quand il y a parfait et jamais dans la même phrase… Après, un livre ne va pas forcément trop toucher l’enfant non plus, mais un livre plus un livre plus un film plus une remarque…etc ! et le principe est de toute façon à gerber.

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