Elle est un carnet de quelques pages glissé dans une chemise orange.
Parce que c’est exactement l’impression que ça donne: quelques pages de confession dissimulées dans un carton. Une rédaction secrète écrite par une petite fille, avec pour sujet son amour pour « elle ». Elle y relate le besoin d’être un autre, l’incompréhension que suscite ses sentiments, le rejet tacite de l’élue de son cœur. Les mots sont alignés avec application, les lettres se bousculent, en majuscule. On ressent de l’immédiat et du passé, de l’enfance et du chemin. On a l’impression que la démesure des lettres, plus que de la jeunesse, sont la marque de l’affirmation de soi et de son vécu. Rédaction secrète? Peut-être pas.
Le carnet d’Ania Lemin ne se compose que de quelques pages, certaines en format volet. C’est peut-être triste, peut-être amer, sans doute douloureux, sans doute du passé. On n’ affirme rien tant cette impression de « distance impliquée » est forte. Peut-être qu’on aurait pu le griffonner nous même. Et quelques pages, c’est amplement suffisant pour écrire ce qui se passe vraiment.
Elle, d’Ania Lemin, est publié en 2001 chez Esperluète, un petit éditeur Belge que je vous recommande vivement, d’ailleurs.