Attention, article à haute teneur en fibre de mauvaise humeur tristo-lyriquesque.
Tout à commencé par ce grand moment d’interprétation littéraire:
Jean-François Copé et le livre « Tous à poil » par LeLab_E1
(Notez la pregnance du scandale quand on parle de pdg à oilpé)
Et voilà encore de longues journées de pluies obscures en perspective. Pluies, nuages, éclaires s’ajoutent, le Printemps Français (quel bon goût dans l’intitulé) appelle à lutter contre les livres prônant la « théorie du genre » et incite à la mobilisation contre les collections des bibliothèques (joint un article parmis d’autres beaucoup plus détaillés et intéressants. mais celui-ci résume l’affaire de façon fort concise). Eclaircies: les professionnel-les ne se laissent pas faire et défendent le principe d’égalité des genres et la pluralité des ouvrages. La littérature, d’autant plus la littérature jeunesse, n’a-t-elle pas pour vocation de représenter le monde ? ou devrait-on recréer la police des lettres et réhabiliter la censure ? C’est la surface lisse du débat, qui plonge dans d’autres tréfonds bien plus sombres et venimeux à mesure que l’on tente de comprendre les parties impliquées. On s’attaque même à la Princesse qui n’aimait pas les Princes. Rha. Lala.
Mais revenons à Tous à Poil.
Même les auteur-es n’en reviennent pas. Personnellement, plus qu’en colère, j’ai été attristé.
Déjà parce que sur le moment, orage et tonnerre, je me suis mise à douter. Aurais-je été aveuglée, s’agirait-il d’un de ces livres qui me font frémir d’habitude, mais que j’aurais benoitement assimilé lors de mes vagues circonvolutions dans le monde de la librairie jeunesse? Heureusement non. Je voulais même en parler ici une fois relancée. Malgré tout, j’ai douté. Ensuite parce que j’ en avais fais une mise en place pour les vacances d’été, et que je ne pensais absolument pas que le contenu aurait pu choquer qui que ce soit. L’idée que cela se soit produit, que quelqu’un-e ce soit penché-e sur mes propositions et se soit senti offensé-e me chagrine vraiment. D’autant plus s’il n’y a pas eu discussion ou confrontation des points de vues.
Et puis il y a ce petit lien malheureux que Nadine Morano tisse entre Tous à Poil et la pédophilie. Qui nous parle de l’importance de protéger la nudité des mineures. Oui, certes. Mais quelle tristesse, encore, de ne pas prendre le livre pour ce qu’il est: une histoire ou tout le monde se fout à poil pour aller se baigner. Tous-tes égaux. Pourquoi méler la perversité à une situation tellement naïve et, justement, bonne enfant? je crois que ça me déprime autant que ces enfants floutés à l’heure du bain dans les documentaires. Ca n’engage que moi, mais je trouve que ça, c’est accepter qu’une part d’érotisme pourrait éventuellement exister. Allez, serieusement quoi, vous êtes caméramans, metteur-ses en scène… vous savez couper le cadre et mettre en scène comme il faut pour ne pas en arriver là. Quelle tristesse pour l’innoncence, en ce moment. Comme cette alerte informatique, dans la bibliothèque où j’ai travaillé un temps, au sujet encore une fois de laPrincesse qui n’aimait pas les Prince. Un petit signe clignotatnt du style « attention danger », là où d’habitude on prévient de la violence du contenu.
Quelques temps plus tard, c’est l’averse, voilà que j’entends au détour d’une émission qu’on s’enflamme suite à la diffusion prochaine de Tomboy sur Arte. Arte qui bien sûr doucement s’esclaffe. Mais quand même. Ca fait beaucoup, en quelques mois. Heureusement que comme toujours, le soleil n’est pas loin. En fait, des milliers de soleils. C’est ça aussi la pluralité, et ça fait du bien.


A propos du truc sur la censure de la nudité enfantine dans les reportages, je suis un milliard de fois d’accord avec toi. Et ce qui me choque c’est qu’en parallèle, une image d’une gamine à la jupe relevée ne gêne personne. Une gamine à peine ado sexualisée et érotisée par la pub ne gêne personne. Des cartes postales avec des gamins qui se touchent la quequette en tête de gondole d’un vendeur de cartes postales touristiques ne choque personne, etc… Il est où Copé, pour s’insurger contre ça….?
ça fout la colère, mais ça fait tellement du bien de voir les petites résistances et les joyeuses contre-attaques, comme ces professionnels du livre qui posent à poils contre la censure (relayés par Le Figaro, si si!!) et puis même cet article Budum.
Alors Copé, Civitas et le printemps français, lâchez-nous le cul. Voilà. ça, ça passe sur un site littérature jeunesse?