Majin and the Forsaken Kingdom

Quoi de mieux qu’un 10 Avril pour une première tentative ? Aujourd’hui, les ami-es, nous allons parler d’un jeu vidéo. Et comble de l’horreur, le personnage principal de cet aventure, c’est un garçon. Arg. Voilà, je vous le dis d’emblée pour que vous puissiez laisser libre cours  à votre dégout et fuire ces lieux.

Si ça peut vous rassurer cependant, je ne vais quasiment pas en parler, de ce garçon.

Comme pour les livres, les jeux sont peuplés majoritairement de héros. Ces derniers n’ont donc pas besoin de promotion supplémentaire étant déjà visibles grâce à leur surnombre. Mais contrairement aux livres, les jeux ne proposent pas vraiment d’ alternative(s) à l’éternelle femme non jouable, ou jouable  dans des conditions qui se discutent.

Il y a des exceptions bien sûr. Mais j’avais envie pour ce premier post de parler de Majin and the Forsaken Kingdom. D’abord parce qu’il fait en quelque sorte partie de la création de Budum et que donc ça me fait plaisir, voilà, non mais. Et surtout parce qu’il parle d’un sujet qui traverse toutes les œuvres de fiction à travers les âges :

le sauvetage de Princesse

 

Non parce que c’est fou ce que ça nous occupe, les princesses enlevées/ kidnappées. Qu’on lise, qu’on joue, qu’on regarde, impossible d’y échapper. Même s’il peut varier sur la forme, le fond du schéma, on finit par le connaitre par cœur. Sauf que parfois, le sauvetage ne tourne pas tout à fait comme prévu. Parfois, c’est même vous qui êtes sauvé-e par la princesse. En avant donc pour Majin and the Forsaken Kingdom.

Si je suis parvenue à vous captiver grâce à ces petits hiboux et ces gracieuses biches, attention ! Pour ce premier post sur le sauvetage des princesses, je vais être obligée de vous dévoiler la fin… si ça vous tente, jouez plutôt !

Il Etait une fois Majin et le Royaume oublié… Guidé par des oiseaux migrateurs, un jeune homme du nom de Tepeu pénètre au coeur d’une terre maudite. Silencieux depuis plus d’un siècle, le royaume s’éveille peu à peu.

Bien que ce soit terriblement tentant, je vais tenter de ne pas trop vous parler de l’histoire générale, des Ténèbres et tout ça. Si vous aimez les fables et que la nature humaine vous déprime un peu, n’hésitez pas. Majin and the forsaken est poétique, et plus sérieux qu’il n’y parait.

Donc, vous incarnez un voleur que le Majin, une grande créature en communion avec la nature, à baptisé Tepeu. Votre but : tenter de sauver votre monde et la Nature  des Ténèbres qui ont mystérieusement envahit un royaume il y a une centaine d’années. Au fil de votre périple, vous permettez au Majin de récupérer ses souvenirs. Ancien gardien du royaume, il est en effet le seule dépositaire du drame qui s’est joué un siècle plus tôt.

Tepeu apprend ainsi que le roi, l’homme qu’il doit atteindre pour tenter de mettre un terme à la progression des Ténèbres, a une fille. Et voilà notre véritable sujet !

Petit retour en arrière avant d’enfin se lancer.

Le Majin, isolé dans’un royaume où nul-les ne peut comprendre son langage, s’est lié d’amitié avec la princesse Toci. Cette dernière, à l’instar de Tepeu, possède en effet la capacité de communiquer avec les animaux et divinités de la nature. Lorsqu’apparaissent les Ténèbres, tous deux ont pris les armes. Mais craignant pour la vie de sa compagne, le Majin, affaibli, l’a enfermée à l’intérieur d’un cristal indestructible. Il est fait prisonnier ensuite, jusqu’à ce que Tepeu intervienne 100 ans plus tard.

Toci a été mise à l’écart contre son grés. Et par l’un des héros de l’aventure, en plus. Voici sa première apparition, bien armée:

Du coup, ça me botte. Tepeu poursuit donc  l’aventure avec un enjeu supplémentaire: libérer la fille du roi, qu’il apprend à connaitre à travers les révélations du Majin. L’image que l’on se forge d’elle reste très vague, ses rares apparitions ce limitant aux passages en ombres chinoises. Au fil des souvenirs, il  me tarde de la rencontrer.

Arrive enfin  le moment tant attendu. Après moultes révélations (et plusieurs heures de jeu), Tepeu et le Majin atteignent leur but: la confrontation avec le Roi, qui a lieue sous le cristal dans lequel repose la princesse. Avant même que Tepeu ne puisse engager le moindre combat, le Gardien est piégé par les Ténèbres qu’il a accumulé au cours de son périple et que manipule l’ennemi final. Il se retourne contre votre héros. Seule la destruction du cristal semble pouvoir mettre fin a cette terrible situation. Si vous partagez avec moi cette tendance à être complètement à fond quand il y a de la mélancolie et des biches qui parlent, le Majin est ce qui vous permet de vous lever le matin, et donc vous êtes vraiment, vraiment sur les dents. Vous parvenez cependant à briser le sceau.

Cinématique, et  apparition:

Je sais, elle est affreuse.

Bon, pour être honnête, j’ai fais un peu exprès de faire cette capture d’écran, juste pour vous faire ressentir le frisson d’angoisse qui m’a saisi à ce moment là. Parce que la première chose qu’elle fait, la Princesse, c’est  tomber dans les bras du héros. En même temps, ça fait 100 ans qu’elle est emprisonnée, Toci. Et elle a tôt fait de se relever.

Toujours en cinématique, un combat s’engage entre Tepeu, Toci et trois êtres des Ténèbres. La princesse se confronte à deux d’entre eux, Tepeu un seul. J’attends le moment où la princesse, submergée, sera sauvée par Tepeu, un héros, un vrai. Parce qu’on en a  vu des caisses, des meufs costaudes qui finissaient en arrière garde.  Sauf que ben, c’est exactement l’inverse qui se produit. Ha ha. Incroyable. Vous pensiez avoir sauvé la princesse ? Et bien c’est la Princesse qui vous a sauvé.

Et la suite est encore mieux.

« You seem to be in need of some discipline… »

Le père et la fille s’échangent un regard. Fin brutale de la cinématique.

Vous pensiez que vous alliez combattre le « boss » final, et que la princesse resterait gentiment de côté  ? Et bien, c’est encore l’inverse, ou presque.

Vous voilà replongé-e dans le jeu, face à votre Majin tout fumant. Toci  n’est plus avec Tepeu, et pour cause:  elle est partie combattre son père.  Tout un symbole. Et comme il ne s’agit pas d’une bête histoire d’épées, elle en profite pour tenter de le raisonner. Tandis que vous vous démenez, vous entendez les heurts et les cris.

« Je peux me défendre seule. »

Une fois le Majin libéré, nouvelle cinématique. Toci met temporairement fin au combat pour vous rejoindre. Le roi en profite pour se rendre au coeur d’un monde de Ténèbre. Bien évidemment, Tepeu se propose de partir à sa suite en laissant la princesse bien en sécurité derrière. Refus catégorique de la concernée, qui compte bien poursuivre le combat engagé contre le roi. C’est à trois que vous franchissez les dernières portes du jeu. Tepeu et le Majin frémissent, Toci tirent les armes. Le souverain a invoqué le « créateur des Ténèbres ». Vous vous trouvez à nouveau propulsé-e dans le jeu.

Je pense que c’est là toute la force du »média » vidéoludique: vous laisser agir tout en développant une autre action, développant une idée sur plusieurs plans « scéniques »  (si si).

Ainsi, vous voilà manette en main aux prises avec la créature maladroite tandis que Toci à repris le combat contre le roi. Vous êtes à nouveau témoin de la lutte qui se joue, et plus encore. Car c’est Toci qui vous indique la marche à suivre pour repousser la bête. Vous êtes donc soumi-se à sa voix.

Cette charmante capture d’écran à pour but de vous montrer l’interface de jeu, et plus précisément les sous-titres. Entendez par là la voix de Toci lorsqu’elle aide Tepeu durant le combat final.

Je trouve que c’est un incroyable pari: repousser le-a joueur-euse au second plan et laisser la totalité du dénouement aux mains d’un personnage non jouable, qui plus est féminin. Certes, repousser la créature n’est pas une mince affaire, mais le Roi demeure le véritable ennemi. Non seulement la princesse vous dirige en tant que joueur-euse  mais elle prend aussi en charge ce sur quoi le jeu reposait jusque là:  le ténébreux souverain. En résumé, Toci influence autant vos actions directes que la trame principale de l’ultime chapitre. Que vous ayez besoin de l’aide de Toci ou pas, Tepeu se retrouve davantage en position de témoin et d’assistant que de héros conquérant.

Finalement, cette petite fleur kitsch sur cette blonde chevelure, ça ne fait qu ‘ajouter à cette drôle d’expérience de jeu.

Profitant de la surprise provoquée par la victoire de Tepeu et du Majin, Toci porte un dernier coup à son père, le libérant des Ténèbres qu’il a lui même engendré… et de sa couronne. Cinématique finale. Et voilà que prend fin Majin and the Forsaken Kingdom. Le royaume est rebâtit, le Majin retrouve sa forêt… et l’amitié cruciale d’une nouvelle héroine.

Et voilà. En définitive, ce jeu est la preuve qu’on n’a pas besoin de faire dans l’original pour proposer quelque chose de neuf : une princesse digne de ce nom.

Bon, il y aurait encore beaucoup de chose à dire concernant cette héroïne, sur la symbolique des noms, l’histoire elle même… mais fichtre fouchtre, que ce post est déjà long ! Je vais donc  finir sur un dernier petit point que j’ai trouvé très beau.

S-someone ! Someone get my body back… I’ll give everything….

Pour atteindre le roi, il fallait avant tout parvenir à vaincre des membres éminents du royaume, tou-tes attein-tes par les Ténèbres pour des raisons propres à chacun-es. La dernière de ces dignitaires était la Reine elle même, ce que soit dit en passant j’ai trouvé très triste.

  Avant l’affrontement, la reine est une énorme créature tentaculaire obsédée par les gems et emplie de rancœur envers sa fille. Une fois les Ténèbres vaincues, la souveraine à nouveau humaine titube, et ne semble regretter qu’une chose: la perte de son corps. Tepeu, amer, lui rappelle la ruine de son royaume et la perte de sa famille. Mais la reine s’en moque, et de sa voix triste et dure répond:

« That’s what everyone wanted… what they expected… »

Ainsi s’éteint Ixtab, tourmentée par la perte de ce corps énorme et puissant qui lui avait été donné. Et qui avait accepté les Ténèbres par désespoir. Symbolique non ?

Aller, je laisse Budum tranquille ! la prochaine fois ce sera moins long…. promis…?

Majin And The Forsaken Kingdom, 2010, sur consoles. (Pegi 12, si toutefois vous aimez les pegi.)

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